Quand vous passez Auchan puis le « pont de Naves », vous rejoignez la D114, qui vous emmène sur une belle ligne droite en direction de Bavay, puisque vous êtes sur l’antique voie romaine appelée « Chaussée Brunehaut ».Bientôt vous apercevez un petit village tranquille, à la décoration florale soignée, le village de Naves.
Le premier monument qui vous accueille est un calvaire installé, près du cimetière, dans une petite chapelle en pierre de taille, au soubassement en pierre de Tournai aux nuances bleutées.
Un élégant fronton triangulaire surmonte l’inscription « La charité de Jésus Christ nous tend les bras ». Ce calvaire a été bâti à l’emplacement de l’ancien, menaçant ruine, en 1850, pour honorer le vœu de l’abbé Bury, curé de la paroisse, suite à l’épidémie de choléra de 1849. Un Christ, en fonte, est placé sur l’autel. Autrefois, tout le village y suivait la procession du lundi de Pentecôte.
Puis vous arrivez au milieu du village, et vous pouvez vous garer face à la mairie de briques rouges. Vous remarquerez, près de cette mairie, un monument attenant au mur d’une habitation (n°40). Ce monument a été érigé là par le papa du soldat Vilain mort en 1915 pour la France, après que le maire de l’époque eût refusé d’édifier un monument aux morts! Ce n’est qu’en octobre 1923 que celui que vous pouvez observer, a été inauguré !
On trouve le nom de « Navia » dès 1120. Mais il existait depuis l’époque de Jules César, vers 50 avant J.C., un poste romain, auprès duquel quelques habitations s’étaient établies. Sans fortifications, en avant-poste de Cambrai, le village fut très souvent victime des guerres. C’est ainsi qu’en 1340, pendant la guerre de 100 ans, il fut détruit et sa population massacrée par les troupes flamandes, alliées des Anglais. Ceux qui avaient pu s’échapper avaient l’air tellement hébétés des atrocités qu’ils avaient vues, qu’on utilisa l’expression « Te r’viens d’ Naves » pour désigner toute personne un peu perdue!
Par la rue Malherbe, vous trouverez sur votre gauche une ruelle qui vous mène à l’église Saint Paul. Au Moyen-Age, avant d’être érigée en paroisse, il y avait juste une chapelle. En 1757, l’église et son clocher sont reconstruits. La 1ère Guerre Mondiale ayant complètement détruit l’édifice, il ne reste que le clocher-porche qui date du XVIIIe siècle. Le reste est de 1925. Remarquez, sur la droite du portail, 2 grès décorés.[photo Naves 05] Ils dateraient de la construction en 1477 du clocher primitif, et représenteraient le monogramme des ducs de Bourgogne, alors maîtres des lieux. Entrez, c’est ouvert! Vous serez sans doute sensibles à la clarté de l’édifice [photo Naves 06] et à son décor de briques polychromes et de mosaïques. Le chœur est décoré d’un Christ en croix, [photo Naves 07] de style Art Déco, sur un fond de mosaïque dorée, rappelant l’art byzantin. La chaire et la grille du chœur [photo Naves 08] sont magnifiquement ouvragées. A droite du chœur, une statue de Saint Paul[photo Naves 09] en plâtre patiné et pigments naturels, est l’œuvre de l’artiste cambrésien Gilles Gernez, qui par ailleurs, créa le visage de la géante locale, la reine Brunehaut!
Par une étroite ruelle, vous rejoignez la rue Louis Brodel et la rue Maurice Camier. En descendant cette rue, à gauche (n°14) vous arrivez à la « ferme Soyez ». Complètement rénovée, elle a cependant conservé son pigeonnier, qui daterait du XVIIe siècle. Construit en briques, ses différents étages sont soulignés par un rang de pierres calcaires. Il est couvert par une toiture en bâtière. Remontez la rue et prenez le petit chemin à votre gauche. Il vous mènera à la chapelle Saint Roch. C’est en 1818 qu’elle fut édifiée, à la demande d’Henriette Soyez, épouse du maire de l’époque. Une procession y avait lieu à la Fête-Dieu. Remontant vers la rue Joliot-Curie, vous découvrez la « ferme des Boutriaux », une des plus anciennes et des plus grandes fermes de Naves. Construite en 1460, restaurée en 1695 dans le style flamand, elle fut entourée d’eau jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Au XIXe siècle, elle appartenait au baron de Bloquel de Wismes , qui la louait à Désiré Soyez. C’est aujourd’hui un élevage de chevaux et de chiens. Poursuivez la rue Joliot-Curie jusqu’à la rue Malherbe. Au carrefour se trouve la petite chapelle de Notre-Dame de Lourdes. Elle fut bâtie en 1933 par les époux Boulon à l’emplacement d’une chapelle datant de 1680 démolie par la 1ère guerre mondiale. Le fond de l’autel est agréablement décoré.
Enfin vous descendrez la rue Malherbe, en observant les jolies fermettes restaurées, presque toute ayant pignon sur rue. Peut-être avez-vous remarqué dans le village d’autres fermettes dont la trace de l’ancienne verrière éclairant la cave servant d’atelier pour le tissage, occupation hivernale de nombreux agriculteurs jusqu’au début du XXe siècle, est encore visible.
En reprenant votre voiture, en direction de Rieux, vous rencontrez la chapelle Notre Dame de Hal, construite en 1666 si on en croit l’inscription à gauche de la porte. Bâtie sur une base en grès, de forme hexagonale, en briques et pierres, elle a résisté à la 1ère guerre mondiale mais fut très endommagée par la 2e. Elle fut remontée pierre par pierre à l’identique!
Nous ne doutons pas que cette fois, quand vous reviendrez de Naves, vous aurez la mine réjouie de qui vient de passer un agréable moment! Et si vous en avez l’occasion, ne manquez pas la fête médiévale! La dernière vient d’avoir lieu, à la mi septembre!
Merci à l’Association Patrimoine et Histoire de Naves et en particulier à Madame Leroy, sa présidente, pour leur aide précieuse.
Nota : les numéros figurants sur le plan correspondent aux étapes décrites dans le texte.
Marie-Paule Verchain